Cavaillon
Installée dans le fossé
d'effondrement de la grande ligne de faille qui monte jusqu'au sommet
de l'Europe, Cavaillon vit paisiblement au grand soleil de Provence.
Cette quiétude actuelle ne doit pourtant pas faire oublier
ce que fut durant des siècles la catastrophe la plus redoutée
de la ville, les débordements intempestifs d'une Durance
non apprivoisée. Comme la plupart les villes alentour, les
origines de Cavaillon se perdent dans la nuit des temps. Et si de
nos lointains ancêtres du Néolithique il ne reste que
quelques armes et outils comme témoins de leur présence,
la tribu des Cavares, elle, a laissé le nom de Cabellio,
ce village fortifié qu'elle avait installé sur le
roc surmontant la vallée de la Durance.
Deux cents ans av. J.-C., Cabellio est une place commerciale de
grande importance, un des nombreux relais que les Grecs de Massallia
utilisaient pour pratiquer leurs échanges avec la Gaulle
Intérieure. Alliée de Marseille, Cabellio tombe sous
le joug romain lorsque la cité phocéenne est prise
en 49 av. J.-C. par les troupes de Jules César. La Pax romana
qui est installée permet à Cabellio de descendre du
rocher sur lequel elle s'était établie, pour aller
se fixer dans la plaine. Dotée du droit latin, Cavaillon
contrôle Le trafic de la Durance avec ses utriculaires ou
bâteliers.
A la chute de l'Empire Romain, Cavaillon est emportée dans
le tourbillon des invasions barbares durant des siècles.
Puis viennent les seigneurs. 'Ballottée entre le royaume
de Bourgogne, le comté d'Arles et ce celui de Provence, Cavaillon
survit tant bien que mal à l'instar des autres cités
en ce Bas Moyen-Age.
Vers le XIe siècle, Cavaillon est intégrée
dans les états du pape, lorsque ce celui-ci devient propriétaire
du Comtat Venaissin. L'évêque, avec le gouverneur,
devient désormais co-seigneur de la ville dont l'administration
est confiée à trois consuls. Le 6 novembre 1543, La
ville est séparée en deux partie : de la Porte du
Clos à la Porte de la Couronne, la partie droite appartient
au Pape représenté par son protonotaire, celle de
gauche restant à l'évêque. Le développement
des cultures de la cité, réputée aujourd'hui
pour ses melons, date de cette époque. François Ier,
alors roi de France, avait rendu visite six ans plus tôt aux
Cavaillonnais, autorisant à cette occasion, la ville à
dévier une partie des eaux de la Durance qui appartenait
au royaume de France, afin d'irriguer les terres cavaillonnaises.
Les XVIe et XVIIe siècles apportent leurs lots de désolation
avec le pillage en 1562 de la cathédrale par les 4.000 hommes
du baron des Adrets, lors de l'agitation protestante; et en 1636,
c'est la peste qui frappe, tuant plus de 3.600 personnes.
Durant la Révolution Française, Cavaillon est une
ville calme. Mais un épisode fameux se dérouté
en janvier 1791 : le siège de Cavaillon par les Avignonnais.
Aujourd'hui la ville héberge une activité agricole
importante, tout en attirant un secteur industriel important et
seuls les vestiges et monuments ayant traversés les années
témoignent de ces périodes fastes ou agitées.
|